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L’histoire de Jacqueline Sauvage est passée du statut de tragique fait divers à celui du symbole contre les violences faites aux femmes, devenant de ce fait une affaire sociétale avant de devenir une affaire d’État avec l’intervention de François Hollande.
Huit ans après qu’elle ait tué son mari violent avec un fusil, Jacqueline Sauvage est décédée. C’est en toute intimité qu’elle a été inhumée, tandis que la famille n’a pas souhaité communiquer sur les causes de son décès. Elle était âgée de 72 ans.
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Jacqueline Sauvage : une femme battue pendant des années
Le 10 septembre 2012, Jacqueline Sauvage assassine son mari à l’aide d’un fusil. Elle aura tiré trois fois sur celui-ci, alors qu’elle se trouvait dos à elle. Elle est arrêtée et jugée pour ce crime. Sa défense repose sur le traitement inhumain qu’il lui aura fait subir pendant des années, fait de violence et abus sexuels. Mais Jacqueline Sauvage n’était pas la seule victime : ses filles témoignent, elles qui ont également subi le comportement violent de leur père.
L’affaire devient médiatique et des mouvements féministes témoignent de leur soutien pour cette femme qui a vécu un calvaire, et qui a souhaité s’en défaire. Mais le procureur demande dix ans de prison, lui qui explique qu’on ne peut décemment pas se faire justice tout seul, que le système français ne peut tolérer un tel abus.
Le débat tourne autour de la notion de légitime défense. Dans les textes de loi, la légitime défense interrompt l’action au Pénal contre un prévenu dans le cas où celui-ci aurait fait cesser une agression contre lui-même. En d’autres termes, le meurtre peut être excusé si la vie de la personne était en danger. Or, au moment des faits, Jacqueline Sauvage n’essuyait pas les coups de son époux. C’est pourtant la stratégie de la défense, elle qui souhaite montrer que si Jacqueline n’avait pas tué son époux ce jour-là, elle aurait fini par mourir sous ses coups. C’était lui, ou elle. Et elle a choisi la vie.
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Jacqueline Sauvage condamnée à dix ans de prison, puis graciée par le Président
En première instance puis en appel, Jacqueline Sauvage est condamnée à dix ans d’emprisonnement. Cette peine suscite l’indignation chez énormément de personnes. Ils considèrent que Jacqueline a été brisée par son mari et que la Justice n’a pas fait son travail en la punissant d’autant plus.
Mais le 31 janvier 2016, François Hollande accorde une grâce présidentielle partielle à Jacqueline Sauvage. Cependant, la justice refuse sa demande de libération conditionnelle, obligeant le Président à lui accorder une grâce totale. Elle est libérée le 28 décembre 2016.
L’avocate de Jacqueline Sauvage, Me Nathalie Tomasini, parle de son ancienne cliente en ces termes : » Jacqueline Sauvage a éveillé les consciences, elle a marqué la société qui a enfin pu s’imaginer ce que pouvaient vivre ses femmes dans le huis-clos familial. Elle a cristallisé les espoirs des victimes de violences conjugales. Sa résistance a mobilisé tout un pays. (…) D’une certaine manière, Jacqueline Sauvage a fait avancer la lutte contre les violences faites aux femmes « .
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Un film avec Muriel Robin cartonne sur TF1
En 2018, TF1 propose le film Jacqueline Sauvage : c’était lui ou moi, adaptation du livre écrit par Jacqueline elle-même, Je voulais juste que ça s’arrête.
L’oeuvre réalisée par Yves Rénier revenait sur le soir du crime, la vie de Jacqueline auprès de son époux avec ses enfants, et le procès qui a suivi le meurtre. Preuve de l’intérêt que porte les français pour cette tragique histoire, le film diffusé en deux parties a été suivi par près de 8 millions de téléspectateurs. Muriel Robin, méconnaissable, portait les traits de Jacqueline dans cette oeuvre de fiction.
Jacqueline Sauvage nous a donc quitté à 72 ans, mais laisse derrière elle des avancées majeures concernant les débats autour de la violence conjugale. Sans le savoir ni le vouloir, elle aura été l’héroïne de ces débats, elle qui est devenue le symbole de toutes les victimes qui souffrent en silence, impuissantes, et qui se sentent abandonnées. Le procès de Jacqueline a montré toute la complexité d’un tel débat, mais celui-ci doit avoir lieu pour faire évoluer les mentalités afin qu’un jour il n’y ait plus de Jacqueline, et surtout plus aucune victime de violence.