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La cérémonie des César a eu lieu il y a plusieurs mois, elle fait toujours la une de l’actualité dès qu’une personnalité donne son avis sur les récompenses reçues par Roman Polanski cette nuit-là. Le débat est large et deux camps s’affrontent. Violeur avéré et potentiellement multi-récidiviste, le réalisateur s’est vu notamment remettre l’un des plus prestigieux prix de la cérémonie, celui de Meilleure Réalisation pour son oeuvre J’accuse, gros succès public en salle.
Faut-il différencier l’homme de l’artiste ?
Les citoyens partagent des avis divergents au sujet de Polanski. Pour certains, la distinction entre l’homme et l’artiste se fait d’elle-même. A travers le temps, de grands hommes ont marqué l’Histoire tout en ayant des moeurs qui allaient à l’encontre de la morale. Alors pourquoi pas Roman Polanski disent-ils ? Parce que le réalisateur est un pédocriminel, expliquent ceux qui se refusent à faire cette séparation ; car l’artiste ne peut exister sans l’homme, tout simplement.
Adèle Haenel s’est (malgré elle ou non) imposée comme la porte-parole de mouvements féministes qui s’indignent de voir Roman Polanski être récompensé. En révélant avoir été abusée sexuellement lorsqu’elle était adolescente et jeune actrice, la comédienne a ému le monde du cinéma. Ce même monde qui a consacré quelques semaines plus tard Roman Polanski. Un manque de cohérence qui a fait hurler la principale intéressée, qui s’est levée de sa place pour quitter la cérémonie. Une action symbolique qui a fait énormément parler, et que d’autres femmes ont critiqué, comme Maïwenn.
Maïween critique, mais Roselyne Bachelot soutient !
La réalisatrice Maïween s’est retrouvée énormément critiquée sur les réseaux sociaux après avoir donné son avis sur les féministes (qu’elle diabolise), le harcèlement de rue (qu’elle tolère et encourage, elle qui se sent flattée) et le choix d’Adèle Haenel de quitter la cérémonie : Polanski a reçu un prix pour un film formidable, où est le problème ? On ne lui a pas non plus décerné un prix Nobel ! Adèle Haenel doit avoir un gros bobo quelque part, pour être partie comme elle l’a fait.” Pour rappel, le gros bobo dont parle Maïween, c’est un viol.
Mais la comédienne Adèle Haenel a trouvé un joli soutien en la personne de Roselyne Bachelot, l’actuelle ministre de la culture. Au micro de BFM TV, elle a accepté de parler des César : « Je pense que la récompense de Roman Polanski était malvenue, qu’elle a blessé à juste titre des militantes et que l’association des César, qui n’a rien à voir avec une organisation gouvernementale, je le précise, aurait dû éviter ce genre de difficultés […]. Oui, [si j’étais allée aux César] en tant que ministre de la Culture, évidemment je me serais levée […]. Il n’y avait pas de doute. »
Roselyne Bachelot: "La récompense de Roman Polanski [aux César] était malvenue et elle a blessé à juste titre des militantes" pic.twitter.com/7CP8LaVgTU
— BFMTV (@BFMTV) October 26, 2020
Polanski récompensé, les femmes critiquées
Cette prise de position est sans doute bienvenue pour toutes les femmes qui se sont senties trahis par les César, elles qui ont eu l’impression que leur parole n’avait finalement aucune valeur. Le plus inquiétant était sans doute le traitement qu’on leur accordait après la cérémonie. La récompense de Roman Polanski n’a finalement pas tant fait parler, c’est plus le comportement de certaines personnes (entendez femmes) pendant la soirée qui a été le sujet de bien des discussions. Celui d’Adèle Haenel bien sûr, mais également celui de Florence Foresti.
Lors de son discours d’ouverture, la maîtresse de cérémonie n’a pas épargné le metteur en scène (qu’elle n’a pas souhaité nommer, et certains y vont vu de l’antisémitisme…). Mais à la fin de la soirée, lorsque le réalisateur a été récompensé, elle a refusé de sortir de sa loge, comme pour montrer qu’elle ne soutenait en aucun cas ce prix. Elle a par la suite expliqué qu’elle ne clôturerait pas la cérémonie comme il est d’usage et s’est retrouvée vivement critiquée pour cela (notamment par rapport au cachet qu’elle aurait reçu pour animer la soirée).
Comme quoi, la société reste encore enveloppée de sexisme que certains pensent anodin, mais qui de par son omniprésence diffuse provoque bien des torts. La voix de Roselyne Bachelot (une voix qui compte) vient apporter un bel espoir et fait oublier les propos de Maïween, qui semblent venir d’un autre temps et qu’il vaut mieux ne pas commenter davantage.